L’immobilier en France est en pleine mutation. Les prix chutent de manière significative, ils augmentent de 0,5 % au deuxième trimestre 2023, contre +4,6 % au quatrième trimestre 2022. 

Cette transformation intrigue et interpelle. Mais concrètement, comment se traduit-elle pour les acheteurs ? Quels constats peut-on en tirer ? 

Source INSEE : https://www.insee.fr/fr/statistiques/7663887

La diminution du nombre de transactions…

La principale explication réside dans l’envolée des taux d’intérêt, qui a eu pour effet d’accroître le coût des prêts, comme l’a souligné Elodie Frémont. « Désormais, il est nécessaire d’économiser, voire de disposer de fonds substantiels, pour que le dossier de crédit puisse seulement être examiné, sans même parler de son approbation finale », a-t-elle remarqué. Pour ceux qui ont les moyens, cela marque « le retour du paiement comptant ».

De plus, l’inflation, qui grignote le pouvoir d’achat des ménages, exerce également une pression à la baisse sur les prix. Cependant, les maisons, dont les prix avaient explosé en 2020 à la sortie des confinements, maintiennent toujours une tendance haussière au niveau national, avec une augmentation de 0,9% sur un an, contrairement aux appartements dont les prix moyens sont restés stables.

Toutefois, tant les acheteurs que les vendeurs sont sous pression. Avec la baisse des prix, certains vendeurs retirent leurs biens du marché. « Parmi ceux qui demeurent, nombreux sont ceux qui se trouvent dans une situation financière les obligeant à vendre, ou font face à des circonstances personnelles qui les contraignent, comme le divorce, la séparation ou la succession », a relevé Elodie Frémont. En conséquence, le nombre de transactions, qui est un indicateur clé de l’activité du marché et avait atteint un record absolu (plus de 1,2 million) en 2021, continue de diminuer rapidement.

Baisse significative des prix en Île-de-France

En analysant de plus près, cette hausse – sur une année – s’est essentiellement reflétée sur le marché des maisons, enregistrant une augmentation de 0,9%, tandis que les prix des appartements eux, sont restés plutôt stables. 

Toutefois, en Île-de-France, la région la plus tendue du marché, les prix connaissent désormais une chute rapide, affichant un déclin de 3,1% sur une année. Cette tendance à la baisse est principalement due à une accentuation de la diminution des prix des appartements (-3,7% au deuxième trimestre 2023, comparé à -1,3% lors du trimestre précédent). Cette diminution est plus prononcée à Paris (-4,4%) qu’en Petite Couronne (-3,8%) et en Grande Couronne (-1,7%). De manière inattendue, les prix des maisons enregistrent également une baisse (-1,9%), une première depuis le premier trimestre 2016.

Cependant, dans les autres régions de la France, les prix ont maintenu leur tendance à la hausse, bien que légèrement ralentie (+1,8%), comparativement au premier trimestre (+3,9%). Cette tendance s’illustre par une augmentation plus marquée des prix des appartements en dehors des grandes métropoles (+2,7% sur un an au deuxième trimestre 2023), pour le deuxième trimestre consécutif, tandis que les prix des maisons ont également enregistré une croissance, bien que plus modeste (+1,3%).

Les critères d’obtention de crédit trop exigeants ?

L’anticipation d’une baisse généralisée des prix, déjà pressentie par les réseaux d’agences immobilières, semble se concrétiser. « Il est indéniable que la baisse va s’accélérer », estime Thomas Lefebvre, directeur scientifique de Meilleurs Agents. Il souligne que l’aspect financier de l’achat immobilier devient de moins en moins attrayant, car il faut désormais attendre plus longtemps pour rentabiliser son investissement.

Guillaume Martinaud, président du réseau d’agences Orpi, met également en cause les conditions restrictives d’accès au crédit, tout en pointant du doigt plusieurs autres mesures décourageantes pour l’investissement immobilier. Parmi elles, il évoque l’augmentation de la taxe foncière dans de nombreuses villes, la suppression d’aides publiques et les obligations de rénovation. Selon lui, toutes ces mesures ne favorisent pas la disponibilité de logements sur le marché immobilier, ce qui constitue une problématique majeure.